- PARIS (ÉCOLE DE)
- PARIS (ÉCOLE DE)PARIS ÉCOLE DEAmbiguë et suspecte, ainsi nous apparaît aujourd’hui l’expression «école de Paris», désignant le rassemblement de peintres et d’artistes fixés à Paris, étrangers pour la plupart, attirés par le prestige des mouvements artistiques antérieurs et des quelques personnalités marquantes qui ont assuré le renom de la capitale française. Expression fabriquée, a posteriori, par quelques historiens de l’art et directeurs de galerie pour classer commodément et désigner à un public friand d’étiquette ce rassemblement hétéroclite d’artistes auquel le prestige de Paris assurait un label de qualité.Après la longue nuit de la guerre et de l’occupation nazie, les années 1945-1950 apportaient à un public traumatisé, sevré de révélations dans le domaine des arts, la découverte éclatante offerte à une nouvelle génération d’un art caché, méprisé et méconnu du plus grand nombre, qui, brusquement, prenait la saveur inestimable d’une liberté retrouvée pour les uns, révélée pour la plupart des autres. Matisse, Braque, Picasso et, plus accessibles, Modigliani, Chagall, Soutine, Van Dongen devenaient synonymes de liberté, de joie, d’insouciance, d’insolence ou de défi.Les conservateurs du musée d’Art moderne à Paris d’abord, premiers artisans de cette révélation, les marchands ensuite comprirent très vite qu’il fallait faire quelque chose. Conférence d’initiation, films de moyen métrage (glorieuse époque du film d’art) où la caméra explorait les tableaux avec une curiosité d’entomologiste (Fulchignomi, Luciano Emmer, Alain Resnais), expositions rétrospectives, livres d’art (où la couleur de plus en plus fidèle envahit les planches d’ouvrages de plus en plus illustrés) répondent à cet engouement d’un public grandissant. Le Salon de mai est fondé dès 1945, celui des Réalités nouvelles en 1946. Le terme d’école convient bien mal cependant à des artistes aussi divers que Bazaine, Pignon, Manessier d’une part, Bissière, Hartung, Soulages, de Staël, Atlan ou Zao Wou-ki d’autre part, assurant la relève des grands aînés de l’avant-guerre. Quoi de commun entre eux, sinon qu’ils vivaient à Paris?Il en faut plus pour constituer une école et Bernard Dorival, dans un ouvrage publié en 1961, L’École de Paris au musée d’Art moderne , s’efforce de limiter dans le temps cette école dont nous apprenons à le lire qu’elle était en gestation dès 1850, «phénomène qui s’est marqué, depuis cent ans, comme pendant les époques antérieures (art gothique du XIIe et du XIIIe s., suprématie de l’art classique de Louis XIV à Louis XVI), par un double mouvement: le départ de Français pour l’étranger, d’une part, et l’afflux, d’autre part, d’étrangers à Paris».Le directeur de la galerie Charpentier, de son côté, organise alors une grande exposition annuelle, réunissant un choix d’œuvres récentes sélectionnées par un jury sévère, suivant des critères mal définis, d’artistes «parisiens» et intitulée l’École de Paris, un catalogue-livre de l’organisateur tentant de préciser la «formule».Définir cette juxtaposition de peintres ou d’œuvres qui expriment les tendances de l’art contemporain du moment, à l’affût d’une mode plus ou moins suspecte (Lorjou, Carzou, Buffet) comme une école ne pouvait être pris au sérieux, à moins de dévaluer totalement le concept même d’école: ce qui fut fait.
Encyclopédie Universelle. 2012.
